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Pédagogie

Faire l’école

La Neuville, c’était une tentative de construire une école différente mais aussi de prendre en compte ce qui existait et qui n’était pas nouveau. Les techniques Freinet (qui avaient cinquante ans), la Pédagogie Institutionnelle de Fernand Oury (qui en avait une quinzaine).
Les travaux de Françoise Dolto dont on ne peut pas dire qu’ils fussent confidentiels. Et bien d’autres dont un certain Freud.

Ainsi furent posées les bases de cette école. Mais ce qui rendit le milieu vivant et la pédagogie efficace, c’est qu’on ne se s’occupa guère de réaliser exactement le projet. On prit des idées à droite et à gauche, dans les livres, dans d’autres écoles, dans la vie de tous les jours.
On emprunta beaucoup, notamment, aux différentes corporations, aux arts et techniques, aux sports, aux sciences humaines,
car si le métier de faire l’école en est un, alors, il est une mosaïque des compétences nécessaires à une infinité de métiers.

pedagogieUne nouvelle génération eut connaissance « ce qui se passait-là et qui nous dépassait » et vinrent se joindre à nous avec leurs préoccupations propres et pas forcément pour être membre de l’équipe et y travailler quotidiennement. Il était tentant d’admettre que cette école appartenait, aussi, à tous ceux qui voulaient en être responsables.

L’idée commença à faire son chemin.

Faire l’école est une chose sérieuse, certes, mais il ne faut pas gommer pour autant son aspect jeu.  Ni omettre de laisser du jeu entre le projet et la vie quotidienne. Admettre encore que les dysfonctionnements ne sont pas des ratés du projet mais d’innombrables occasions d’expliquer les raisons d’être des règles, de montrer que la loi est là au service de tous et n’a pas été créée d’abord pour contraindre.

pedagogieA ces remarques de base, on peut ajouter le principe de nécessité.

On ne fait semblant de rien. La part de travail confiée aux enfants est réelle, concrète, sans leur participation le projet commun ne pourrait être mené à bien. Ils le savent. Ils savent aussi que c’est en participant qu’ils ont le plus de chance que l’école ressemble à ce qu’ils désirent.

S’ils peuvent prendre des initiatives, des décisions, ils ont aussi des comptes à rendre, tout comme les adultes. Par contre, on ne finit rien derrière leur dos et c’est ce qu’ils ont préparé pour le dîner que l’on mangera.

Les spectacles, les travaux, les matchs, les repas sont faits suivant les règles de l’art avec du bon matériel.

L’école devient ainsi un lieu de solidarité et d’échanges, permettant aux enfants (et aux adultes) de s’approprier un langage, une culture,
un style de vie, qui soient les leurs, qu’ils puissent revendiquer et transmettre comme tels même, et surtout, si leur environnement
ne les y a pas préparés.

Aucune pratique, excepté la Réunion, n’est en soit essentielle. La pédagogie est la préoccupation de tous et l’école affaire de gestion en commun.
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La scolarité une activité parmi d’autres

Si l’on réfléchit aux programmes, non sur le seul plan des acquisitions envisagées mais en terme de profits effectifs pour les enfants,
la scolarité ne devrait être qu’une activité parmi d’autres, dans l’école et même dans la classe.

pedagogie 05Du point de vue de l’équilibre de l’individu, de son ouverture d’esprit, de sa santé physique et mentale, l’emploi du temps doit laisser place à divers moments dans la journée, dans la semaine, dans l’année, pour autre chose que les strictes acquisitions scolaires.

Mettre en place des ateliers, par exemple, va permettre de faire vivre le groupe et d’établir des relations interpersonnelles dans le groupe indépendamment des relations de l’individu au groupe classe, sous la responsabilité du seul maître.

On peut aller plus loin encore : proposer des activités pas immédiatement scolaires dont les profits se feront sentir ultérieurement. Ces entreprises permettront la mise en confiance de chacun par la reconnaissance de ses compétences, la solidarité à l’intérieur du groupe au profit de chacun des membres par la prise en charge, dans le groupe, autour de l’enseignant, des talents mais aussi des lacunes de chacun.

Le groupe, pour réussir plus efficacement, multipliera les initiatives pédagogiques en faveur de tous.

pedagogie 07Et en tout premier lieu, cela permettra à l’enfant d’être partie prenante des enjeux sociaux (et de distinguer ceux le concernant et ceux de la classe).

Dans la classe, dans l’école, une organisation est nécessaire qui ne peut être que meilleure si l’enfant est consulté, écouté. Cela évite la concentration des pouvoirs, les lenteurs de la centralisation de ce pouvoir avec pour conséquence l’immobilité des élèves, leur passivité, l’ennui qui peut en découler, le statut d’objet (d’enseignement) par opposition à celui de sujet (de ses études).

La monotonie des cours magistraux, des exercices répétitifs, limite la capacité de concentration de l’enfant là où une participation active permet de varier les rôles de chacun et de gagner grâce à ce dynamisme et à cette créativité le temps que l’on perd en « digressions » du programme scolaire.
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