Inscriptions

L’accueil

Au fil des années, on n’a cessé de comprendre l’importance de cette notion complexe qui prend, tour à tour, de multiples formes. Si elle inclut le fait d’accueillir, proprement dit, elle ne saurait, cependant, se limiter à recevoir un enfant et même à l’accepter.

L’accueil, c’est tout un environnement mais aussi un accompagnement. C’est faire en sorte que cet enfant ait envie de venir là et puisse trouver une place dans le projet que l’on a mis en place et dans l’espace où nous vivons et travaillons ensemble.

Peut-on se passer d’accueillir les enfants dans un lieu qui s’appelle l’école ?

Peut-on les laisser entrer dans un espace dédié à la connaissance et à l’éducation sans auparavant les recevoir, les informer, en un mot : leur parler ?

Peut-on faire l’économie de les écouter poser les questions dont les réponses leur sont indispensables pour pouvoir étudier avec profit. Un enfant préoccupé peut n’être pas disponible pour recevoir quoi que ce soit que l’on aurait à lui transmettre.

Poser ces questions, et quelques autres du même genre, c’est déjà y répondre : c’est savoir que la question se pose et qu’il est nécessaire de lui trouver réponse.

Accueillir se résume, souvent, à ce que l’on a mis en place : des outils spécifiques qui vont permettre à l’enfant de se rendre compte qu’il est dans un lieu civilisé c’est-à-dire qu’il y est cadré par des limites et des personnes.

Des adultes pas trop nombreux mais assez disponibles vont indiquer aux enfants, à titre individuel mais aussi en tant que groupe, ce qui va se passer là. Leur faisant ainsi connaître les enjeux et disant quelque chose des échanges qui vont avoir lieu entre eux, dans le but de les responsabiliser à l’importance de la tâche qui va être la leur.

Accueillir, c’est également dire quelque chose de la fonction de ce lieu et des rôles respectifs des individus qui vont y intervenir. C’est sans doute aussi rappeler la chance qui est celle de tous les enfants qui ont le droit d’aller à l’école.

Inscription, contrat

D’abord vient la visite. C’est la première étape du rituel qui fera d’un enfant, un élève de La Neuville. Cela commence par un entretien avec les parents, en présence de l’intéressé. Puis l’enfant fait le tour de l’école, sans ses parents et sans adulte. Deux camarades vont l’accompagner et l’éclairer de leurs commentaires. Comme celui qui visite aujourd’hui, ils ont, un jour, accompli cette démarche et vont rendre son choix possible, en lui montrant l’école à leur façon.

A son retour, si l’enfant est demandeur, on fixera une date pour un essai. Mais on n’attendra pas la rentrée de septembre.
Ce sera un essai rien que pour lui pendant l’année en cours. Ainsi, il pourra voir l’école telle qu’elle est vraiment.

Il est comme un invité pendant ces deux semaines-là. Avec un vrai statut d’élève mais sans les contraintes que les autres enfants ont librement acceptées. Il peut donc regarder, essayer.

A la fin de cette période, dans la Salle de Réunion, il répondra aux questions posées et dira si ça lui a plu. C’est un instant solennel mais pas seulement pour lui car l’entrée d’un nouvel enfant dans le groupe est chose sérieuse.

L’inscription dans l’école se fait donc par une décision individuelle dans un processus tripartite. L’enfant, les personnes responsables de lui et les représentants de l’école, ratifiant un contrat puisqu’en effet entrer à l’école c’est entrer en Société.

Ainsi, la démonstration est faite à l’enfant qu’on lui a fait une place dans cet établissement et qu’on l’accepte tel qu’il est, à charge pour lui de respecter ce lieu et ses règles puisque aussi bien il le fait en connaissance.

Il est, de même, très important que les camarades donnent aussi leur accord en ce qui concerne sa présence pour indiquer qu’il ne s’agit pas d’un lieu où l’on n’entre pas sans l’avoir voulu.

L’enfant retourne alors finir son année dans son établissement et reviendra à la rentrée dans sa nouvelle école où il aura déjà ses marques.

L’inscription est un acte suffisamment fort, pour créer les conditions favorables à une entrée à l’école et à un parcours significatif s’il est soutenu par un accompagnement adapté et que l’on distingue bien deux étapes : d’abord vient l’inscription qui prend ensuite la forme d’un contrat sur la durée.

Cette action devrait avoir des conséquences symboliques immédiates qu’elles ont
rarement : appartenance à un groupe, liens avec le passé, partage avec des pairs.
Il y aurait lieu de se sentir fier et solidaire de tout cela, comme d’une seconde
naissance à la vie sociale consciente.